Le Petit Journal de Singapour | Par Catherine Soulas Baron | Publié le 23/06/2019 à 14:15 | Mis à jour le 24/06/2019 à 10:07
Le Petit Journal est allé à la rencontre de Stéphanie Leparmentier, Conseillère Régionaleen Propriété Intellectuelle, détachée par l’INPI depuis décembre 2016, au Service Economique de l’Ambassade de France à Singapour. Une tête bien faite avec déjà une jolie carrière à son actif. Elle nous révèle les arcanes de sa profession.
Le métier de Conseiller en propriété industrielle n’est pas forcément bien connu du grand public. Or, il est essentiel à la vie des innovateurs, des acteurs du commerce national et mondial et de façon générale de tous les acteurs économiques. Ce professionnel aide les entrepreneurs à comprendre la valeur stratégique de leur PI en leur fournissant information et conseils. En effet les actifs dits« immatériels » comme les marques, dessins et modèles, brevets représentent une part importantede la valeur d’une entreprise.
Vous êtes Conseillère Régionale INPI pour l’Asie du Sud-Est. Tout d’abord pouvez-vous nous expliquer ce qu’est l‘INPI? Quelles sont les domaines d’intervention ?
Stéphanie Leparmentier : L’INPI,Institut National de la Propriété Industrielle est un établissement public autofinancé sous la tutelle du ministère chargé de la Propriété Industrielle œuvrant au développement de la propriété industrielle en France et à son rayonnement dans le monde. L’INPI participe activement à l’élaboration et la mise en œuvre des politiques publiques dans le domaine de la propriété intellectuelle, de soutien à l’innovation et à la compétitivité des entreprises et dans la lutte anti-contrefaçon.
L’INPI est non seulement un acteur incontournable pour l’enregistrement des titres de propriété industrielle : brevets, marques, dessins et modèles, réception et instruction des demandes d’indications géographiques, mais il est aussi un interlocuteur privilégié qui accompagne l’entreprise dans la durée en lui proposant des pistes d’action afin de faciliter le développement de sa stratégies de Propriété Intellectuelle selon les environnements et les besoins, notamment à l’international. L’INPI mène aussi quotidiennement une mission de sensibilisation dans les médias mais aussi dans les écoles et les universités.
Quel est votre parcours?
Je suis ingénieure, diplômée de l’Institut Supérieur d’Electronique de Paris (ISEP). Je suis également titulaire du D.U. Brevets d’invention en Cycle Accéléré du CEIPI à Strasbourg et suis inscrite sur la liste des personnes qualifiées de l’INPI, mention « brevet d’invention » depuis 2010.
Je travaille depuis plus de 15 ans dans le domaine de la Propriété Industrielle et eus l’opportunité d’occuper des fonctions différentes, mais complémentaires : ingénieur brevet en cabinet de conseils en Propriété Industrielle, examinatrice de brevets et experte sur la brevetabilité des logiciels à l’INPI, responsable Propriété Intellectuelle pour AREVA, groupe français international. En poste pendant 7 ans au sein de la Délégation Bretagne de l’INPI avant d’être nommée à Singapour, j’accompagnais des créateurs d’entreprise, des Start-up, des PME et ETI sur tous sujets touchant à la Propriété Intellectuelle.
Quelle est votre mission actuelle ? Quels sont vos moyens d’action ? Comment aidez-vous les entreprises à Singapour ?
Le réseau de Conseillers Régionaux en Propriété Intellectuelle (PI) de l’INPI couvre au total plus de 65 pays. Dans ce cadre, en tant que Représentante de l’INPI pour l’Asie du Sud-Est, j’accompagne les acteurs économiques français dans leurs questionnements et leurs difficultés en matière de Propriété Intellectuelle, sans pour autant remplacer les avocats spécialisés. J’opère ma mission sous l’égide de l’INPI et du Service Economique Régional de l’Ambassade de France à Singapour en coopération avec l’ensemble des autres acteurs présents à l’international et notamment Business France, Bpifrance et les différents Services Economiques des autres pays, les différentes Chambres de Commerce, les CCEF…
Ma zone de compétence couvre en particulier Singapour, la Malaisie, la Thaïlande, le Vietnam, l’Indonésie, les Philippines, le Cambodge, le Laos, le Myamar et Brunei.
Mes missions s’articulent autour de 3 axes :
- l’accompagnement et le suivi des acteurs économiques français présents ou souhaitant venir sur la zone (information, appui institutionnel, contentieux)
- la coopération sur le plan technique avec les administrations locales des autres pays chargées de la délivrance et de la protection des droits de PI et de la lutte anti-contrefaçon. L’Inpi en effet est un relais majeur de la lutte contre les contrefaçons. A titre d’exemple je suis intervenue en avril dernier, au Vietnam, pour mettre en avant l’expertise francaise dans ce domaine lors d’un workshop régional Asie, à destination d’officiels, sur la lutte anti-contrefaçon des biens de consommation (produits alimentaires, boissons, cosmétiques,) Cette table ronde était organisée par de nombreux organismes publics américains dont l’USPTO (Office de PI des US), le Département de la Justice Américaine mais aussi l’EUIPO .
- la veille des législations et des pratiques relatives à la PI.
Quels sont les liens de L’INPI avec l’OMPI ?
L’INPI joue un rôle majeur dans l’élaboration du droit de la Propriété Industrielle. L’INPI représente la France dans les instances communautaires et internationales compétentes que sont l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI), l’Office européen des brevets (OEB) ou l’Office de l’Union européenne pour la
Propriété intellectuelle (EUIPO)
L’INPI alimente également un fonds fiduciaire auprès de l’OMPI permettant d’organiser des actions régionales de promotion de la PI dans le monde entier. Ainsi en 2018, nous avons permis à 5 personnes travaillant sur les indications géographiques des pays de la région ASEAN à participer au séminaire régional AsiaGI,. Et nous œuvrons ensemble à l’amélioration des écosystèmes de PI dans la région.
Quels conseils donneriez-vous aux jeunes intéressés par la PI ?
Il existe une grande diversité des métiers. La filière est ouverte à la fois aux juristes (conseil en Propriété Industrielle spécialisé en marques / dessins et modèles, avocat, juriste d’entreprise, examinateur de marques, dessins et modèles à l’INPI par exemple) mais également aux ingénieurs (conseil en Propriété Industrielle spécialisé en brevets, ingénieur brevet en entreprise, examinateur de brevets à l’INPI par exemple) Ces derniers doivent s’intéresser aux technologies, à l’innovation de manière générale, au droit, à la stratégie d’entreprise et parler des langues étrangères. Les spécialistes en brevets ont une double compétence technique et juridique.
Pour se faire une meilleure idée, je conseille de s’informer auprès du CEIPI, Centre d’Études Internationales de la Propriété Intellectuelle, à Strasbourg.
Coordonnées : Stéphanie LEPARMENTIER,
Un guide utile a été élaboré récemment « le guide du management de la PI pour les business managers ». Il est disponible gratuitement sur le site Internet de l’INPI.