L’Union des fabricants a lancé sa 12e campagne contre la contrefaçon. L’occasion de dévoiler, à Aix, l’enjeu de ce phénomène dangereux pour le consommateur. Alors, qu’on se le dise : « Stop aux faux ! »
Le point commun entre une basket en toile et un flacon de parfum ? Un sac griffé et un pistolet laser de guerrier de l’espace ? De l’eau de javel et des plaquettes de frein ?
Aucun, a priori, n’en disconvenons pas. Sauf qu’à bien y regarder et, malgré la meilleure volonté du monde, le consommateur peut se faire berner et acheter l’un de ces produits, contrefaits. Voilà dix ans, quand on parlait de contrefaçon, on pensait avant tout à une mamma napolitaine qui cousait discrètement un faux sac de grande marque, avec du cuir, dans un atelier de fond de cour… Aujourd’hui et cela semble banal de le dire, pour parler contrefaçon, il faut penser… mondialisé, globalisé, « internetisé »… Bref, la contrefaçon, elle aussi, s’est adaptée.
Et fort bien, d’ailleurs, note Christian Peugeot, le président d’Unifab, l’association Union des fabricants : « Aujourd’hui, la contrefaçon concerne tous les produits ! » Récemment, les douaniers ont saisi 18 tonnes de café soluble ! La Brigade des puces d’un commissariat parisien a mis la main sur 6 448 paires de fausses baskets de marque, dans deux magasins.
Alors, au risque de vouloir remplir le tonneau des Danaïdes mais il n’empêche, l’Unifab se mobilise et lançait, hier à Aix-en-Provence, la 12e édition de son opération de sensibilisation contre la contrefaçon. L’occasion de rappeler l’histoire de cette association : l’Union des fabricants a été créée en 1872 par des pharmaciens français, confrontés au vol de leurs formules médicales. Déjà.
40 000 emplois supprimés chaque année en France
Et 150 ans plus tard, 200 entreprises françaises appartiennent à l’Unifab, active sur plusieurs tableaux : travail avec les pouvoirs publics, suivi juridique, formation dans les entreprises, information du grand public… Car le consommateur est directement impacté : « Un consommateur sur deux déclare avoir déjà acheté un produit contrefait, aux garanties de sécurité incertaines, en pensant acheter le produit authentique », prévient Christian Peugeot.
Il faut dire que les contrefacteurs infiltrent les réseaux de distribution à grande échelle. Et l’on se retrouve avec une vraie fausse paire de baskets, assemblée avec une colle qui provoque des allergies. Sans parler de la javel fabriquée avec des produits dangereux. Ou bien, c’est arrivé récemment, de l’eau parfumée pour bébé qui contenait de l’alcool, énumère Régis Messali, de l’Unifab.
Même les produits alimentaires peuvent être contrefaits. Autres effets, ajoute le sénateur et président du Comité national anticontrefaçon, Richard Yung, l’impact sur l’économie : « 40 000 emplois supprimés chaque année en France, à cause de la contrefaçon. » Suppressions d’emplois, perte de chiffre d’affaires, pertes pour le commerce national, dégradation de l’image des marques contrefaites, pertes pour les distributeurs, risques pour la sécurité des consommateurs…
8,8 millions de produits saisis en 2014
Et « quand on achète de la contrefaçon, on finance la criminalité organisée et le terrorisme », poursuit l’Unifab, détaillant les filières concernées. Alors en même temps que les petites mains de cette association courent la France et distribuent des guides et des prospectus pour sensibiliser le public en général et les vacanciers en particulier, l’Unifab propose aux villes de signer la Charte de partenariat avec l’Union de Fabricants, pour sensibiliser le public. Élu au commerce, Jean-Christophe Grossi a promis que la charte sera présentée en conseil municipal, pour être validée.
Sur le terrain, les services opérationnels font la chasse aux produits contrefaits. Avec de vrais résultats : 8,8 millions de produits saisis en 2014. Sur le podium : les médicaments, les vêtements, les accessoires, puis les chaussures et les produits de luxe. Viennent ensuite les jouets, le high-tech et l’alimentaire. Avec l’essor du commerce par internet, la contrefaçon semble vouée à un bel avenir. À moins que les consommateurs ne prennent la mesure du phénomène, et du danger : « La France est un pays d’appellations, nous avons énormément de marques et de produits à protéger. »
Avec une certitude : la meilleure façon de lutter contre les produits contrefaits, c’est encore… de ne pas les acheter !
Séverine Pardini-Battesti
La Provence (22/07/15)